Faire du sport sans se blesser, c'est sûrement possible si on pratique de façon raisonnable avec une intensité modérée.
Pour ce qui est du tennis, je connais peu de joueurs de compétition qui n'aient jamais eu de blessures.
Pour ma part, j'en ai eu une belle collection, plus ou moins graves.
Au moment où je rédige cet article en 2023, j'ai 2 blessures qui m'obligent à arrêter de jouer temporairement.
Cela amène à prendre des précautions et à réfléchir sur les causes de ces blessures, pour limiter les risques qu'elles se reproduisent.
Dans cet article, j'évoque les blessures que j'ai eues, en tentant d'en apprendre quelque chose et d'en tirer des leçons pour la suite car j'ai bien l'intention de pouvoir faire du tennis et surtout du sport le plus longtemps possible !
Si je ne compte pas une blessure au genou à 10 ans en tapant à côté d'un ballon de foot à cause d'un faux rebond, qui m'a valut 2 semaines d'arrêt, je pense que j'ai commencé ma découverte des blessures liées au sport avec une périostite aux tibias, à l'âge de 15 ans.
Il s'agit d'une inflammation de la membrane qui recouvre les os, dans mon cas dûe à la pratique excessive du tennis, aggravée par le fait de jouer essentiellement sur terrain dur.
Le corps humain est fragile mais pendant la croissance il l'est encore plus.
A l'époque, je jouais vraiment beaucoup, en fait je jouais le plus possible ! Environ 5 heures/jour.
En été, je me rappelle que je planifiais mes journées en cherchant 3 partenaires ; un pour le matin, deux pour l'après-midi.
C'est la période pendant laquelle j'ai fait le plus de progrès, par contre je commençais déjà à en demander trop à mon corps.
La cause de cette blessure est simple : excès de tennis, aucune gestion de la récupération et du repos.
Que retenir pour la suite ? Que le repos est essentiel, c'est pendant les phases de repos que le corps s'adapte au stress qu'il reçoit pendant la pratique du sport.
J'avais environ 16 ans, je jouais sur terre-battue, j'ai fait une glissade en appuis ouverts côté coup droit et j'ai ressenti une douleur vive derrière la cuisse, la fameuse douleur de type "coup de poignard" caractéristique des déchirures.
Causes de la blessure : manque de souplesse, manque de préparation physique.
Cette blessure a finalement été un mal pour un bien car elle m'a amené à faire 20 séances de kiné essentiellement focalisées sur le travail de la souplesse.
Ces séances m'ont donné le goût des étirements, j'ai adoré progresser dans ce domaine et je n'ai jamais perdu l'habitude de travailler ma souplesse.
Que retenir de cette blessure : que la souplesse est essentielle pour la prévention des blessures.
A 22 ans, je dispose de tout mon temps et quand j'ai du temps, je joue au tennis !
Je jouais souvent 4h/jour, parfois plus, je me souviens avoir fait une journée avec quasiment 8 heures d'entraînement !
Résultat : je suis tombé malade tellement j'étais fatigué et sur un mouvement anodin, je me suis fissuré un ménisque au genou.
Ca a tenu quelques mois et lors d'un entraînement, sur un revers bien frappé où j'ai bloqué mon genou tout en le faisant tourner, j'ai senti le ménisque se déchirer totalement dans le genou.
A suivi une inévitable opération du genou pour enlever le bout de ménisque qui se pronenait dans l'articulation.
Le problème d'enlever un bout de ménisque, c'est que ça met le cartilage à nu, ce tissu précieux qui recouvre les os et qui ne se regénère quasiment plus à l'âge adulte s'il est abîmé.
La solution pour le protéger : limiter les contraintes, les impacts (autant dire que le tennis et la course à pied ne sont pas très conseillés !) et maintenir une bonne masse musculaire au niveau des cuisses.
Causes de cette blessure :
Pendant une quinzaine d'années, période pendant laquelle j'étais moniteur de tennis et très entraîné, je n'ai quasiment eu aucune blessure et elles ont commencé à réapparaître quand j'ai changé d'activité et que j'ai fait moins de sport.
J'ai commencé à passer plus de temps devant un ordinateur et apparemment mon dos n'a pas trop apprécié, c'est la période à laquelle des douleurs sont apparues et où j'ai eu mes premiers lumbagos.
On repart chez le kiné pour faire des étirements, du gainage et du renforcement musculaire !
Causes du mal au dos :
Solutions :
Cette blessure est apparue assez rapidement, en m'empêchant totalement de jouer.
Il s'agissait d'une douleur au niveau du poignet, dans le prolongement du petit doigt.
J'ai eu des doutes sur la cause de cette douleur mais je pense qu'elle est liée à ces éléments :
Après plusieurs semaines de repos sans succès, j'ai tenté une infiltration, l'effet a été miraculeux ; la douleur a disparu sans jamais revenir.
Dans le même temps, j'ai changé de raquette, je pense vraiment que c'était la cause du problème.
Depuis mon opération, mon genou m'a laissé tranquille pendant environ 20 ans, et ça aurait pu continuer un peu plus longtemps si je n'avais pas commis certaines erreurs.
Mon erreur essentielle a été d'oublier ce que le chirurgien m'avait dit : qu'il fallait que je conserve une bonne masse musculaire au niveau de la cuisse pour protéger mon genou.
J'ai négligé mon alimentation, avec un apport très faible en protéines, ce qui a eu pour effet de me faire perdre beaucoup de muscle.
Résultat : lors d'un entraînement, j'ai eu la sensation que mes os du genoux frottaient l'un contre l'autre et c'est vraisemblablement ce qui s'est produit, avec à la clé un cartilage qui a subi des dégâts.
Il m'a fallut plusieurs années pour que la musculation et la reprise d'une bonne alimentation permette à mon genou d'être moins enflammé.
A l'heure actuelle, j'ai des sensations assez correctes mais je fais très attention à mon genou :
Causes :
Depuis l'âge de 40 ans, un âge en général charnière pour les tendons qui commencent à se fragiliser, j'ai eu plusieurs blessures musculaires aux mollets, pour les raisons suivantes :
Solutions :
A 48 ans, cela fait plusieurs années que mon épaule droite me gêne, avec un tendon qui claque et des douleurs qui me réveillent la nuit, le signe d'une sévère inflammation.
Diagnostic : rupture quasi totale du tendon du sus-épineux, un tendon fréquemment concerné par les blessures de l'épaule.
Solution : une opération pour réparer ce tendon. C'est lourd mais je suis bien content qu'il y ait une solution !
Après 1 an, je retrouve une épaule qui n'est pas toute neuve mais qui me permet de rejouer très bien au tennis.
Causes de cette blessure, difficiles à trouver même pour le chirurgien, ce sont des suppositions :
Solutions :
Je vais chercher mes enfants à l'école, je marche sur le bord du trottoire en travaux avec mes lacets qui ne pas attachés et hop je me tord la cheville !
Sur le coup je n'ai pas mal, je joue le lendemain et le surlendemain et le jour d'après je ne peux tout simplement plus poser le pied par terre. Béquilles pendant une semaine.
Quelques semaines plus tard, je vais voir un kiné qui me fait faire des exercices inadaptés : on repart à zéro, retour des béquilles !
Finalement je vais traîner cette blessure un an, le temps de reposer et de comprendre la cause : des semelles orthopédiques inadaptées.
Ces semelles sont là pour compenser mes jambes arquées mais en contre partie elles sont trop contraignantes pour ma cheville et la gaine d'un tendon qui passe dans le secteur s'en trouve hyper enflammée.
Une des rares fois où je me blesse en dehors de la pratique du sport !
Dernières blessures en date, à cause de ma recherche de meilleures sensations en coup droit, qui me conduisent à expérimenter des gestes qui ne me conviennent pas.
En cherchant à faire un geste plus ample en préparation, j'ai utilisé mon bras libre pour amener la raquette loin en arrière, ce qui a causé une inflammation de mon épaule gauche avec un os qui remonte !
Improbable car je n'ai pas non plus passé des heures à faire ça !
Dans le même temps, en cherchant à mettre plus d'amplitude et bien sûr à envoyer des missiles dans tous les sens, je me suis fait mal au tendon du grand dorsal, impossible de continuer à faire un coup droit.
Causes de ces blessures :
La majorité de mes blessures viennent d'une mauvaise gestion de l'intensité et des phases de repos.
Si on considère que le corps est un outil qui doit obéir à ce qu'on lui demande, sans être à son écoute, on prend le risque de dépasser les limites de ce qu'il peut endurer et de se blesser.
Si je dois faire un bilan de toutes ces blessures, voici ce que j'en retiens pour la suite :
Commentaires / questions (7)
Yann
17.08.2023Récemment accro à vos vidéos, je viens de me "manger" des heures de vos interventions sur YouTube depuis 15 jours, et pour cause : Tennis Leg !
Tout d'abord, je tiens à vous dire MERCI car ce repos forcé m'a permis de m'arrêter sur vous, par hasard, et d'apprendre énormément d'éléments générés par la clarté des propos et l'enthousiasme que vous y mettez.
BE dans une autre discipline et très regardant sur l'aspect pédagogique, j'avoue qu'on ne se lasse pas, en dévorant tous vos conseils et points clés !
Mon expérience douloureuse :
Tout le monde connaît le tennis elbow mais, le "Tennis Leg", à après diagnostics médical, plusieurs joueurs concertés ne connaissaient pas même le terme !
En bon français, une déchirure d'un des 2 jumeaux comme c'est très bien expliqué par vos soins plus haut.
J'ai 50 ans. J'ai repris il y a 15 jours après 3 ans d'arrêt. 2 cours pour me remettre dans le bain.
La 3e séance, après 15 mn de jeu et d'échauffement...BOUM !
C'est brutal, aucun signe au préalable et extrêmement douloureux. On s'arrête sur une jambe, direct ! Et 3 semaines d'arrêt minimum.
On cherche pourquoi ? Comment ? C'est un peu dur et incompréhensible d'autant que j'ai une activité physique quotidienne en dehors du tennis.
D'apprendre que ça arrive à partir d'un certain âge, Mouais...bon !!!
Patiente et repos. Je retourne à mes "devoirs" sur vos vidéos. Faut croire que je suis mauvais élève car je n'arrive toujours pas à faire un choix pour une nouvelle raquette !!
Bonne continuation, Jean Pierre.
Pour le tennis leg, en effet c'est une blessure fréquente à +50 ans, notamment au tennis qui demande des démarrages brutaux.
On peut faire du sport régulièrement mais ne pas être prêt pour ce genre d'effort un peu brutal. En plus d'une bonne hygiène de vie (repos, hydratation, poids, etc.), il faut habituer progressivement le corps à ce type d'effort. Les séances de kiné que vous allez faire vont vous montrer les exercices à faire ; étirements, renforcement.
Ensuite, malgré tout le soin apporté à la préparation, on peut toujours se blesser car c'est impossible de tout contrôler.
Le minimum est de faire les choses progressivement, sans forcer, de se laisser du temps pour récupérer, d'être à l'écoute de son corps.
J'espère que vous pourrez bientôt reprendre et que les mollets vont bien tenir !
N'hésitez pas à me tenir au courant !
Boris
29.10.2023Depuis, je fais très attention a bien, bien échauffer cette zone avant de commencer a jouer. Un exercice très simple: en appui sur l'avant d'un pied sur une marche, monter sur la pointe de ce pied, puis redescendre doucement jusqu'à passer le plan horizontal, le talon descendant plus bas que la marche. Puis remonter sur la pointe du pied. Faire 2 séries de 15 sur chaque mollet, en alternant (15 mollet gauche, puis 15 mollet droit, et recommencer). Essayez de faire cela a chaque fois avant de jouer, et si vous ne jouez pas super régulièrement, faites cet exercice 2-3 fois par semaine. Ca devrait bien vous aider.
B.
07.07.2023Encore merci de nous faire partager ton vécu traumatique. Les Chinois disent : "L'expérience est une lanterne qu'on traîne derrière soi et qui n'éclaire personne".
Il serait judicieux de faire mentir ce proverbe, dans notre intérêt à tous. L'important avec les blessures, ce n'est pas tant de s'en débarrasser que de les éviter.
Tu es un fanatique de course. Tu devrais essayer la marche nordique. Avantage : sport d'endurance complet. Les bras travaillent autant que les jambes, et entre les deux, bien sûr, les abdominaux. Avec beaucoup moins de traumatismes pour le squelette. En vacances, c'est parfait sur une grande plage (genre côte normande) à marée basse. Attention, je parle de la vraie marche nordique, c'est-à-dire le ski de fond sans la neige, pas la marche de vieux avec 2 cannes comme on le voit trop souvent.
Pour entretenir la condition physique en endurance, le vélo d'appartement est une bonne solution, avec la formule 45 mn un jour sur deux en restant 30 mn à 75 % de sa fréquence cardiaque maximale (220 - l'âge).
Personnellement, côté tennis, je ne prends pas de risque avec la raquette. J'ai choisi (avec ton aide dans Team Tennis) des raquettes en fonction de leur amorti des vibrations et j'utilise du multi-filaments tendu à 20.
Dernier point : pratiquer quotidiennement le stretching de tout le corps. Il existe un beau livre intitulé : "Anatomie et 100 étirements essentiels pour le tennis et autres sports de raquette". Vendu 7,50 euros. Rapport qualité-prix imbattable.
Voilà, merci encore et meilleurs vœux pour ta récupération et ta reprise sportive.
Bien cordialement.
Team-Tennis
07.07.2023En effet, je me demande parfois s'il ne faut pas se blesser pour apprendre et si quelqu'un qui ne s'est jamais blessé pourra utiliser mes conseils. Si c'est au moins les principes de base, ce sera bien.
Marche nordique, peut-être plus tard. J'aime vraiment les sensations physiques liées à la course, la légèreté qu'on peut ressentir dans la foulée quand on est entraîné et en forme.
Sinon c'est une excellente option pour limiter les impacts, c'est certain.
Le vélo, même si je préfère courir, j'adore pour faire du cardio sans traumatiser les articulations.
Les étirements tu as raison, je vais en refaire, en dosant l'intensité car dans ce domaine aussi je suis excessif.
Je vais regarder le livre que tu cites.
Merci encore pour le message, excellente continuation à toi !
Richard
07.07.2023Dans ta vidéo tu as bien résumé les blessures courantes du sport et plus particulièrement du tennis.
J’ai aujourd’hui 61 ans je pratique le tennis environ 2 fois par semaine et comme tu l’a précisé le corps avec l’âge n’encaisse plus les efforts d’un jeune de 20 ans.
Me concernant ces derniers temps les gênes que je rencontre sont surtout des tendinites.
Tendons d’Achille, syndrome de la pâte d’oie au niveau des jambes.
Les conseils que je peux te donner si je peux me permettre je ne suis pas médecin pour en venir à bout, je te parle de mon expérience.
Boire beaucoup, voir si ton foie élimine bien les toxines parce que les toxines se déposent sur les tendons.
L’acupuncture médecine chinoise, oligo-éléments effectivement collagène, glucosamine/chondroïtine.
Pour les inflammations le Curcuma.
Être en forme pour pratiquer et surtout jouer relâché et pour cela cohérence cardiaque et méditation.
Bon rétablissement et bon courage à toi pour la suite.
À très vite.
Richard.
Team-Tennis
07.07.2023merci pour tes conseils.
En effet l'hydratation c'est très important pour les tendons mais a priori je suis bien de ce côté là.
Curcuma, j'en prends régulièrement, je me fais des Golden Milk.
Chondroïtine, études peu probantes, les avis sont partagés chez les médecins, mais je testerai peut-être à nouveau.
Et oui jouer relâché, cool physiquement et mentalement, c'est très important, je vais me focaliser là-dessus.
Je vais aussi reprendre les étirements.
Merci encore, excellente continuation à toi et bon courage avec les blessures.